Sphaira

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    Chroniques de Lorys, petite ville marchande.

    Aoife
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    Message par Aoife Dim 27 Sep - 15:20

    Loeding avait encore sacrément mal ; la blessure à l'aine mettrait une bonne semaine à se refermer. Le vieux avait l'ai rassi, mais il était resté bien vert. Heureusement, il savait que Uruku n'utilisait jamais de poison et donc qu'il survivrait à cette entaille profonde. Encore une rasade... le liquide épais et âpre tapisse sa gorge, réchauffe sa poitrine, brûle son estomac. Qu'importe car aujourd'hui, tout est bon, tout est doux, même les bougies brillent plus. Il est enfin chef de la Guilde des voleurs de Lorys. Ses ambassades vont bientôt revenir : les caravansérails, les échopes, les gueux, les juges, les prêtres, les milices... Tous vont le reconnaître comme leur protecteur ; il en a toujours été ainsi. Tout comme les accords avec la noblesse locale, un sage statut quo, tant que chacun reste chez soi.
    Sokor entre sans frapper... une mauvaise habitude à changer se dit Loeding, faute de quoi...
    -"Bonpoing, mon fidèle second, relache les mors et pose toi. Lance nous une dernière fois de ce picrate... demain nous sommes les tauliers. Quelles nouvelles ?
    -"tout se passe comme prévu Oraison, tous se rallient, même s'il faut bourrer un peu les tripe-vides. L'avoine les attire comme les mulets. Le Comte vous fait savoir que le passage sera libéré demain soir et qu'une jactance est souhaitable à ce moment.
    -"Très bien, très très bien. Et l'Avorton, quelqu'un a pu réchauffer sa bière ? Et la clef... surtout la clef. L'as-tu trouvée ? Et pas de mots verts, hein.
    -"C'est que, commence Sokor visiblement gêné, nous ne trouvons pas la clef dans la case du vieux et l'Avorton ... a été vu la dernière fois dans les quartiers nord, par Boule-de-suif je crois... un peu avant l'heure de la Protectrice.
    Loeding tape du poing sur la table. "ENFER ! C'est lui qui l'a. j'en mettrai ma tête sur un billot!". Puis en se frottant le crâne il rajoute :"Enfuis, vers le nord... Varanas...Il me faut quelqu'un...Justement...Bonpoing, va me chercher Belle-plante et ramène là immédiatement ici, tant pis si elle n'est pas en tenue décente...tant mieux même" Et il sourit.
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    Chroniques de Lorys, petite ville marchande. Empty Re: Chroniques de Lorys, petite ville marchande.

    Message par Aoife Sam 17 Oct - 21:19

    Asmir, quatrième du nom, n'a aucun scrupule ; il a fait ce qu'il devait faire pour sa lignée : tout est rentré dans l'ordre des choses et l'aberration qui durait depuis des générations était enfin expurgée. Le domaine est enfin redevenu uni, plein et entier.
    Encore une rasade... Le nectar pétillant de ses vergers fleure bon le miel et la sauge, il descend en picotant la gorge et apporte une douce tiédeur dans le ventre où il s'apaise. L'ivresse n'apparaît que peu de temps après. Qu'importe car aujourd'hui, tout est bon, tout est doux, même les bougies brillent plus.

    Il est enfin maître et suzerain des mines de fer de Skell. La partie est déjà jouée : la loi suit son cours pour lui, les prêtres lui font les yeux doux, les marchands ne bougeront pas et la garde se soumet déjà à l'heure qu'il est ; même les voleurs n'ont pas bronché pour sauver les Skell, et pourtant...
    Arhénius Tengh entre par la petite porte de service. " Ah ! l'arriviste prétentieux...le pauvre il est déjà mort " se dit Asmir.

    -" Mon cher ami, venez, asseyez vous et prenez ce verre. Dites moi tout." ajouta-t-il, affable.

    -" Tout s’est déroulé selon nos plans messire. Le sieur Skell est aux mains de la justice, sous le chef d’inculpation de trahison. L’inquisition s’occupe de lui… il est fini. La mine va vous revenir de plein droit, comme les anciens accords le précisaient et vous aller m’en nommer bailli. Je viens ce soir prendre les lettres de mission. »

    -"Très bien, très très bien. Vous avez trouvé son livre de compte n'est-ce pas ? Et sa femme, et son fils ? Qu'en est-il d'eux ? Ne me mentez pas, je le saurai alors et mon courroux sera terrible." Visiblement anxieux, son complice vide son verre d'un trait ; Asmir esquisse un sourire mauvais.

    -"C'est que, commence Arhénius, visiblement gêné, nous avons bien les livres de compte, l'officiel et le réel. Ils confirment la fraude, mais cela était arrangé depuis longtemps. Quant à sa famille... elle a pu s'échapper par on ne sait quelle diablerie. Nos hommes ne les ont pas cherchés en cette nuit d'hiver. Ils doivent être sortis de la cité maintenant." Sa voix au début faible finit en un sifflement apeuré.

    Asmir tape du poing sur la table. "ENFER ! Il ne faut pas d'héritier vivant ! ". Il se lève et se rapproche lentement d'Arhénius, qui devient franchement indisposé.
    -" De toute façon, ils n'oseront jamais reparaitre devant les murs de la cité, les risques sont trops grands, les sanctions trop lourdes. Et vous... vous en savez trop, alors je laisserai faire le poison qui est en train de vous asphixier. Mais vous aurez droit à un enterrement digne d'un bourgmestre. Et je vous le promet, votre femme et vos enfants ne se languiront pas trop puisqu'ils vous rejoindront rapidement, emplis de douleur."

    Arhénius, qui avait déjà du mal à respirer essaie de se lever, mais ne réussit qu'à retomber par terre, miséreux heureux de respirer la poussière des puissants. Et céde aux injonctions de la mort. Asmir donne un coup de pied dans la dépouille de son complice. "Gardes ! Débarassez moi de cet encombrant fâcheux. Appelez ma maîtresse, qu'elle vienne de suite ! " Et il sourit.
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    Chroniques de Lorys, petite ville marchande. Empty Re: Chroniques de Lorys, petite ville marchande.

    Message par Aoife Dim 1 Nov - 8:00

    Uruku était content. Une belle opération venait de réussir : un dixième de la production de fer de la lune dernière... un dixième. Asmir devait être fou de rage. Et cette rage, il la retournera contre ces marchands nouveaux venus qui avaient l'intention de ne pas respecter les anciens usages des caravansérails. Tant pis pour eux. Oraison avait fait du beau boulot sur ce coup. Il devrait le récompenser, mais pourtant il hésitait, il n'aimait pas trop Oraison : trop de violence sous ses mots douceureux.

    Il sortit de son réduit personnel pour entrer dans la salle commune de la guilde. Ordinairement une quinzaine de membres y discutaient de leurs exploits (souvent imaginaires bien sûr), partageaient leur expérience , ou travaillaient pour le bien être matériel de la guilde. La grande spécialité de cette guilde était d'ailleurs le tressage d'une cordellette très fine mais très résistante, d'un fil précieux appelé soie, que certaines caravanes amenaient de vraiment loin. Un récent ajout aux capacités productives concernait une cornue d'alchimie permettant de réaliser des potions prodigieuses : transporter un nuage, déclencher un incendie sans avoir de feu. Mais Uruku n'était pas encore certain de vouloir la conserver, car trop d'esprits faibles pourraient s'en servir pour fabriquer des infâmes poisons. D'ailleurs il avait formellement interdit de faire des potions plus violentes que des drogues qui assoupissent ou indisposent une personne.


    Son système d'instruction était sa vraie fierté. Auparavant, le turbin s'apprenait sur le tas, avec des risques importants. Grâce à un minimum de coopération et de bonne volonté les apprentis revenaient plus souvent. Il se dirigea vers son vieil ami, le Chat.

    "Alors ces recrues ?
    "Pas mal, tu les as choisies avec de vraies aptitudes, comme d'hab'. Mais le grand là ne fera jamais un acrobate, il faut le diriger vers les tire-laine. Pas assez patient. Le blond dans le coin frappe plus fort que vite, ce sera l'escouade de protection pour lui. Pour les autres, laisse moi un peu de temps encore.
    "Si tu le dis. Tu sais que tu as toute mon oreille... Ah Rubis reviens. Je te laisse. Surveille bien celui qui as une ceinture, comme je te l'ai demandé. Nous avons besoin de disciples, pas d'exécutants, ne l'oublie pas.
    Uruku donna une tape sur le bras de son vieil ami et s'éloigna pour aller à la rencontre de Rubis, inquiet.
    "Rubis, au rapport ! Pourquoi reviens-tu si tôt ?
    "Un problème maître. Hurlu et Berlu, les jumeaux, viennent de se faire pincer. Bêtement en plus, ils étaient à la chourre, normal et y'a un gros qui dit que Berlu lui a marché sur les pieds. Y'a bagarre et pas de bol un garde plus malin que les autres se radine au moment juste où Hurlu surine le gros dans le dos. Et bien sûr les deux se sont faits coffrer. Mais là sérieux parce que le gros est sec et il est... il était du clan Ayren, les potes du comte. Et ce n'est pas tout. Silure est tombé d'un toit et il s'est cassé l'os du jambon et devinez où il est tombé... dans la cour de ce gougnafier de marchand Zelden. je ne doute pas qu'à l'heure actuelle il soit dans la forêt de barreaux, aussi esquiché que les jumeaux.

    "Rien d'autre ? Pas de cataclysmes ou de pestes ? Un démon se dirige vers les remparts de la ville ?
    "Euh non rien, l'habituel : des bagarres, des blessures. D'ailleurs le jeune Aoife s'est bien comporté et il a réussi à tirer d'embarras un de ses aînés qui s'était trop impliqué personnellement dans une affaire de famille pimentée de jalousies et de trahisons diverses. Mais pour les prisonniers, on fait quoi ?

    Un instant souriant, le visage d'Uruku se referma. Il ferma les yeux avant de répondre doucement.
    " Hurlu et Berlu sont nos alchimistes, n'est-ce pas ? Ils risquent la mort eux. Peut-on les sauver ?
    " Et bien, il me semble qu'un certain capitaine a encore intérêt à détourner les yeux au moment opportun. Nous connaissons le garde qui a le plus besoin d'or. Il ne devrait pas y avoir de problèmes. D'autant plus que votre protégé s'entend bien avec eux : ils l'ont emmené faire le tour des gargottes il y a quelques soir et Aoife a fini la nuit bien enroulé. Et puis c'est aussi à eux que nous devons la réussite du plan d'Oraison...
    Ayant toujours les yeux fermés, le front se ridait de plus en plus à mesure, que Rubis parlait, le maître de la guilde ordonna d'un ton sec.
    "Fait libérer Silure. Que la protectrice vienne en aide à nos compagnons Hurlu et Berlu."
    Et il se dirigea dans son réduit, sans se retourner.
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    Message par Aoife Lun 9 Nov - 12:41

    Uruku était pensif. Ca ne marchait pas...Il n'y arrivait pas.

    *Ils sont trop nombreux et trop forts, masse insaisissable d'esprits gluants et informes, embrumés...Stupides*
    -" ... pas trop.... nous... "
    *Les rares qui ont accepté d'apprendre à lire sont corrects, mais les autres...*
    -" ... les caravanes de... "
    *L'argent facile, la chourre sans risques, l'aventure sans efforts. Aucun courage.*
    -" ... pas aussi profit ... "
    *Quand j'étais jeune, c'était très différent... C'était ailleurs, loin aussi. Sans intérêt pour un autre que moi de toute façon.*
    -" ... armés maintenant... "
    *Aoife... un joyau de lumière noire... une ombre... non... une Ombre, une vraie.*
    -" ... problème. Tu m'écoutes Uruku ?
    - Oui, oui, bien sur Le chat."
    *C'est lui qui avait voulu qu'on l'appelle comme ca... son nom.. plus de famille.*

    -" Pour les caravansérails, que faisons nous ? Aoife est déjà sur place, c'est un habile discoureur mais il lui manque des informations, un objectif.
    - Laisse le faire, il s'en tirera très bien. Il s'en est toujours très bien tiré. Il faut qu'il se debrouille tout seul.
    - Oui mais là... Très bien, tu as raison, comme toujours. "
    Le chat se leva pour sortir mais se retourna :
    - " Tu ne crois pas qu'il faudrait tout lui dire ? C'est un homme maintenant, il comprendra. Que tu l'as sauvé, bébé avec sa mère? Qu'elle est morte de chagrin dans la lune qui suivait ? Que tu as eu du mal à le retrouver ?
    - Non, il ne faut pas, jamais, tu le sais. Je veux un disciple, pas un fils reconnaissant. Je veux un successeur, pas un héritier sans mérites... tu trouves vraiment que nous sommes trop nombreux à suivre le code de l'Ombre ?
    - Je sais, je sais tout cela, aussi bien que toi. C'était... Laisse tomber, à plus tard. "
    Le chat sorti.

    * Il ne doit pas savoir. Il ne faut pas qu'il découvre les accords anciens qui existaient entre les Kells et la guilde... que je ne l'ai sauvé que par obligation. Il ne faut pas qu'il sache que je lui ai failli une fois, une seule toute petite fois. Je ne veux pas qu'il sache, que quiconque sache que ...*

    Uruku soupira.

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