Correspondances

Une jeune femme rousse assise à une table de la taverne rédige visiblement une lettre. Une fois sa plume posée, elle se dirige avec l'enveloppe cachetée à la tenancière de l'Alambic, s'entrenant plusieurs minutes avec celle-ci.
Après un signe positif, elle s'éloigne, serrant la main à la dame et la remerciant. La lettre sera donc envoyée à son destinataire, si celui-ci ne trouvait pas le temps de venir prendre un verre à la taverne, où elle lui serait remise.


Lettre à Ylendil.

"Très cher Vous,

Cela fait quelque temps que je ne vous ai revu. Vous portez-vous bien ? Que devenez-vous ?
Puisqu'en effet, depuis mon départ un peu précipité de Sphaira, je n'ai pu rencontrer qu'Aoife au comptoir de Harf, et ceci très brievement. Mon départ serait-il vu comme une trahison ? Si c'est le cas, cela m'attriste, dans la mesure du possible.
J'ai réçemment fait l'acquisition de nouveaux livres pour vous. Nous les lirons ensemble. Vos cours sont-ils toujours d'actualité, d'ailleurs ?
J'ai aussi trouvé le temps de "visiter" les contrées elfiques. J'ai aussi des nouvelles qui pourraient vous rassurer, sur un sujet duquel nous nous sommes entretenus avant mon départ, la dernière fois que nous nous sommes vus.
Mais départ est un grand mot. Je suis toujours là, c'est un fait.

Je pense qu'un savant quelconque serait apte à lire cette lettre, puisque je sais que vous y avez pensé en la voyant. Une bonne âme vous la lira ou vous la lit en ce moment. Je l'espère. J'espère aussi que vous trouverez le temps de dicter une réponse à cette même personne, pour que je puisse vous lire très bientôt.
Je suis régulièrement à l'Alambic. Chaque soir, si j'en ai la possibilité. J'espère vous y revoir bientôt, aussi.
J'espère de tout coeur une réponse.

Transmettez mes amitiés à Trinitya, Izuke et Aoife.

Alors qu'il était venu dans l'auberge pour faire le plein de provisions, Ylendil fut surpris de se voir remettre par la directrice de l'etablissement, une lettre cachetée. Cela faisait tellement officiel, qui donc pourrait bien lui envoyer une missive. L'elfe ouvrit l'enveloppe, et en sortit le parchemin sur lequel apparaissaient de nombreux symboles alignés, des lettres. Déconcerté, car ne sachant point lire, il s'adressa à la tenancière de l'auberge, lui demandant si elle pouvait lui lire le lettre, cette dernière accepta, et lu.
Juliette, c'était son amie Juliette, ça alors, pour une surprise, elle était de taille ! Il fallait qu'il lui réponde, mais comment ? Il ne savait pas écrire non plus ... Voyant l'embarras de l'elfe, la directrice se proposa immédiatement, sans même recevoir demande. Ylendil accepta avec joie.

Lettre à Juliette.

"Chère Amie,

Oui, effectivement, cela fait quelques temps que nous ne nous sommes pas croisés, et sachez que je me porte très bien. Je suis actuellement en voyage, enquêtant comme je vous l'avais dit dans les contrées humaines, interrogeant le plus de personnes possibles. En vain pour le moment.
Je ne perçois point votre départ comme un trahison, loin de là, je respecte entièrement votre choix, et vous etes toujours une amie à mes yeux. Mon silence était uniquement le fait d'occupations prenantes ces derniers temps.
Bien sur que je souhaite toujours apprendre avec vous, j'étais bien embarrassé de ne pas pouvoir lire votre missive, heureusement, une bonne âme l'a fait à ma place. Je vous préviendrai lorsque le temps m'autorisera un moment de répit.
Je tenterai de passer bientôt à L'alambic, un soir, nous pourrons ainsi discuter, et vous pourrez me faire part des nouvelles que vous avez obtenu.

J'espère aussi vous revoir très bientôt !

Ylendil.

PS : Je transmettrai vos amitiés !"

La lettre rédigée, l'aubergiste se proposa de la transmettre. Ylendil la remercia, paya ses commissions et la salua avant de quitter les lieux.

Aoife avait remarqué la première lettre lors d'une expédition punitive (le salé de porc se défendait bien paraissait-il) dans les cusines de son ami, à l'auberge. Il ne fut donc pas surpris qu'il y ait une réponse, mais se délectait qu'elle ne fut pas écrite de la main d'Ylendil même. Il avait un beau tour à jouer.

Ayant bien écouté la dictée de la lettre, Aoife alla à l'autre comptoir et demanda de quoi écrire. Une nouvelle expédition punitive s'imposait face au danger d'un fromage qui, à ce qu'il se disait, bougeait tout seul ! Une main qui traine, et hop, plus de lettre sur le comptoir de l'aubergiste ; une légère brise d'automne vint déposer une nouvelle lettre à la place de l'ancienne, qui disparut dans un repli de la tunique d'Aoife.

Chère Amie,

Oui, effectivement, cela fait quelques temps que nous ne nous sommes pas croisés, et sachez que je me languis depuis cet instant. Je suis actuellement en voyage loin de vous, enquêtant comme je vous l'avais dit dans les contrées humaines, interrogeant le plus de personnes possibles : ils ne sont pas vous... Vanité que tout ceci, quand votre esprit n'éclaire mon chemin.

Je ne perçois point votre départ comme un trahison, même s'il m'en a coûté et qu'il est en partie responsable de mon voyage. Je respecte entièrement votre choix : vous êtes et resterez toujours la première de mes amies. Mon silence était uniquement le fait ... de mon chagrin puisqu'il faut bien vous l'avouer.

Bien sur que je souhaite toujours apprendre de vous toutes les choses de la nature humaine. J'étais bien embarrassé de ne pas pouvoir lire votre missive, heureusement, une bonne âme l'a fait à ma place. Je vous préviendrai lorsque le temps m'autorisera enfin à me perdre avec vous ; et je vous interdit de douter que j'en aie grand désir. Ma main n'a que trop poli mon bâton de marche.

Je passerai bientôt à l'Alambic, un soir. Nous pourrons ainsi nous isoler, et vous pourrez me montrer les délices de votre langue. Je désespère que ce ne soit maintenant.

Ylendil.

PS : Je transmettrai vos amitiés, mais j'en garderai le meilleur si vous me l'autorisez "

Un sourire malicieux éclaire le visage d'Aoife. Hi hi hi.

Cwéann n'avait pas remarqué la lettre, juste qu'Aoife semblait très prit par l'exploration de la dite cuisine. Pourtant le voir roder éveilla les doutes et elle s'aperçut de l'échange a cet instant.
Étonnée la jeune prêtresse fit mine de rien et se mit a suivre le curieux Aoife...

Après un temps, elle remarqua l'échange, sa curiosité attirée elle saisit la lettre posée et la décacheta selon une manière apprise au couvent et lut.

Elle rougit légèrement puis recacheta convenablement la lettre avant de s'éloigner, pensive.

A Ylendil, seconde lettre.


"Cher Vous,

J'attends avec impatience de vous rencontrer ici. Cependant, votre lettre me laisse perplexe.
Vous semblez bien plus impatient que moi. J'imagine que vous avez hate d'apprendre à lire et écrire.

Ceci dit, j'ai l'impression que vous parlez comme Silaki. Je vous prie de ne jamais devenir comme elle. J'en serai tellement déçue...

J'ignore si je dois me sentir offensée ou ravie.
Enfin... J'ignore toujours comment réagir, comme vous seul le savez.

A Ylendil, 3ème lettre.

"Mon bel ami,

Voyez-vous, je lis et relis votre lettre. J'ai cherché et recherché le sens de certains mots dans mes vieux livres, j'ai questionné plusieurs personnes sur certaines tournures, et toutes les réponses que j'ai obtenu ont été bien laides. Moi qui les redoutais...
Et malgré mes efforts pour me convaincre du contraire, je ne peux que trouver cette lettre offensante.
Comme cela m'étonne de votre part... Diable, avez-vous donc tant changé que cela en si peu de temps, Ylendil ?
J'ai vraiment l'impression de lire Silaki.
Si vous saviez comme je suis déçue...

Je vous embrasse, tout de même. Il ne m'en coûte rien, comme vous seul le savez.

La première lettre de réponse laissa Aoife indifférent ; il souhaitait surtout qu'Ylendil la trouve sous peu, pour voir sa réaction : une mine déconfite, un visage blême et l'angoisse de retrouvailles où il devrait se faire passer pour un parfait imbécile, afin de réussir à se faire pardonner.
La deuxième lettre l'inquiéta un peu. Comment son tour pouvait-il réussir si Ylendil ne répondait pas ? Aoife leva les yeux au ciel.
"Tsss. Il faut tout faire ici !"
Profitant d'un escroc qui essayait de négocier les tarifs du repas après l'avoir consommé, Aoife put subtiliser les deux lettres. Il monta à l'étage, et s'adossa à un baril avant d'ouvrir et de lire les lettres.
Visiblement le poisson avait bien mordu. Il s'était blessé même. Argh. Le jeu était peut être allé un peu trop loin, alors qu'il commencait à peine. Dommage. Il fallait corriger le tir immédiatement. D'autant qu'Aoife considérait que c'était lui qui avait fait une... des erreurs, en faisant des allusions trop explicites, trop directes... et il s'en voulait, il était impardonnable pour lui de faire des bourdes de débutant..
Aoife descendit demander le nécessaire à écrire et retourna à l'étage, dans la petite bibliothèque, pour écrire confortablement.

Ma bien chère amie,
je suis au désespoir de lire que ma précédente lettre vous a déplu. Et ce d'autant plus que je dois me faire assister pour la lecture et l'écriture, comme vous le savez. Grandes furent ma honte et mon déshonneur. Vous saviez, en m'écrivant, que cela se passerait ainsi, et je me sens le droit de vous en blâmer. Toutefois je ne manquerai jamais de sympathie a votre égard et je vous pardonne de bon coeur : peut-être suis-je un peu coupable moi aussi ? involontairement toutefois car la personne qui a écrit sous ma dictée ne m'a fait aucune remarque !
Mais pourrais-je évoquer dorénavant avec vous la poésie des torrents de montagne qui jaillissent blancs et purs de la roche, sans que vous vous imaginiez une passion ... débordante ? Pourrai-je vous parler de mes découvertes culinaires, concernant le mariage de moules et d'asperges, sans que vous me considériez comme le dernier des goujats, en manque d'obscénités ? Je le souhaite sincèrement, et m'en remet entièrement à vous.

Je vous assure que je n'ai pas plus changé que vous ne le pensiez. Mes voyages m'ont certes ouvert les yeux sur certaines réalités de votre monde, mais je reste celui que vous avez connu et apprécié. Je reste aussi votre dévoué, espérant que vous acceptiez toujours de m'enseigner la lecture et l'écriture.

Votre ami sincère et fidèle.
Ylendil

La lettre écrite fut cachetée aussitôt. Aoife sortit de l'auberge par la porte à l'étage donnant sur la facade nord et l'escalier extérieur. Il revint au-devant de l'auberge et, après s'être assuré qu'il n'y avait personne, dit fort alors qu'il entrait :
"Pas de problèmes Ylendil, je la dépose auprès de l'aubergiste pour Juliette. Compris ! A bientôt l'ami et bonne chasse."
Aoife tend la lettre à l'aubergiste qui la dépose derrière le comptoir.

*ca mérite un bon spécial, le mélange lait de behru et de renne*

A Ylendil, 4ème lettre.


"Mon bel ami,

Je ne pense pas être à blâmer. Vous saviez qu'en lisant votre lettre, je devrai chercher la signification de certaines tournures.
Cependant, je suis assez fière de constater que ma lettre a eu un violent effet sur vous. Je ne savais comment réagir, aussi ai-je dû faire des recherches et pour comprendre vos mots, et pour savoir comment y réagir. Enfin, ma lettre a eu l'effet escompté.

Je vous pardonne de bon coeur. Vous-même savez comme vous êtes cher à mon coeur, et cela me rendrait probablement malade de me fâcher avec vous.

A Juliette.

Un tas de lettres se précipitaient depuis peu surement sur le comptoir. Une correspondance ? Au moins elle pourraient mettre en œuvre sa jolie écriture qu'elle n'avait pas l'occasion d'utiliser souvent ces derniers temps. Elle chercha celle qui lui transmettait amitiés puisque Yllendil avait pris soin de lui faire transmettre ces paroles. Ses oreilles frétillèrent de plaisir quand elle finit de lire la lettre.
Elle sortit de son sac, un vieux morceau de papier sentant les fleurs, les herbes mais aussi le sang et la nourriture. Qu'est ce qu'elle pouvait en mettre des choses dedans. Cela faisait bien négligé mais après tout c'était mieux que rien !

"Douce Amie.

Même si nous nous sommes rencontrées, ma fois dans un environnement propice aux moisissure et vire-voltage de mouches,je vous écris. Parce que ainsi nous pourront garder contact plus souvent et peut être s'inviter qui sait ?
J'aimerais aussi vous signaler que je garde d'autant plus mon rôle envers Izuke, dont je prend le plaisir à bouter pendant des heures.
Je voyage plus qu'avant et j'ai récemment découvert les Steppes de Sascillia. Quelles merveilles ! Cette contrée et si belle et si lumineuse. Le plaisir me saisit d'autant plus car les Capris acceptent que je les accompagne à travers la région en échange de quelque travail, bien payé.
je ne sais pas où vous êtes en ce moment mais je passe rarement par Aslan, cette foret ne m'inspire jamais.

Au plaisir d'une nouvelle rencontre, cette fois ci je l'espère, plus loin que chez le fromager.

Trinitya l'Elfe Martyrisée (gentillement)

"

Elle observa son écriture Elfique d'un air satisfait et le remis au gérant de la taverne.

A Trinitya.

"Chère amie,

Effectivement, le dernier endroit où j'ai eu l'occasion de vous était quelque peu spécial. Mais je veux vous informer de ma présence ce soir-même à l'Alambic, à l'occasion d'un rassemblement dont j'ai eu vent.
J'espère vous y voir, cela nous donnera l'occasion de discutter une fois encore.